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Les femmes qui ont marqué le sport et les règles

27/06/2022

Il y a un siècle, Henri Desgranges écrivait dans le journal L’Auto à propos du football féminin :

« Que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos, inaccessible au public : oui d’accord. Mais qu’elles se donnent en spectacle, à certains jours de fête, où sera convié le public, qu’elles osent même courir après un ballon dans une prairie qui n’est pas entourée de murs épais, voilà qui est intolérable ! ».

Que reste-t-il aujourd’hui de cette indignation ? Le sport féminin est-il vraiment considéré comme du sport à part entière ? Comment les championnes combattent-elles la persistance des préjugés, comment s’attaquent-elles au tabou des règles dans le sport ?

Des sportives, au-delà des barrières de genre

Sport féminin ou sport tout court ?

Le 24 janvier 2022, c’était la journée internationale du sport féminin, un événement lancé en 2014 par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et le Comité national olympique et sportif français, dans l’objectif de « permettre au sport féminin de gagner en visibilité et de contribuer à sa meilleure représentation dans les médias ».

A cette occasion, Béatrice Knoepfler, coprésidente de Bordeaux Mérignac Volley, signait une tribune pour témoigner de la persistance des préjugés sexistes accompagnant la pratique du sport par les femmes :

« Il y a dans la journée internationale du sport féminin — au-delà de la louable intention — un problème, c’est cette dénomination permanente : “sport féminin”. Avez-vous déjà entendu parler de “sport masculin” ? Parce qu’il est culturellement ancré, et tout particulièrement dans le traitement journalistique très majoritairement effectué par des hommes, que le sport est masculin. Il est considéré implicitement comme la norme, d’où la spécification “féminin” systématique quand il est pratiqué par des femmes ».

Les chiffres de la pratique sportive féminine en France

La remarque de cette championne est très juste, et les chiffres parlent d’eux-mêmes : les stéréotypes de genre sont encore flagrants dans le choix de la pratique sportive des hommes et des femmes. Selon une étude publiée par l’INJEP (Institut national de la Jeunesse et de l’Éducation populaire), parmi les jeunes licencié. e. s, membres de fédérations sportives, la répartition femmes/hommes se présente ainsi :

  • Sports de glace : 85/15
  • Danse : 82/18
  • Gymnastique : 82/18
  • Pêche sportive : 5/95
  • Motocyclisme : 6/94
  • Football : 8/92
  • Natation : 56/44

À lire aussi : Quel sport privilégier pendant ses règles ?

tabou des règles dans le sport

Comment expliquer la persistance des préjugés sexistes dans le sport ?

La première raison pourrait être que le sport a été créé par les hommes et pour les hommes. Associé à des valeurs comme l’endurance ou l’esprit de compétition et une image du corps costaud et musclé, bref virile. Donc, pratiquer un sport dit « masculin » c’est assumer une image corporelle aux antipodes de la féminité, de la beauté, de la maternité. Et cela vaut dans l’autre sens, un homme qui fait de la danse sera suspecté d’une féminité anormale.

Les parents qui sont les premiers prescripteurs du sport pratiqué par leurs enfants restent souvent très imprégnés de ces stéréotypes, l’exemple type en étant le magnifique film Billy Elliot. Ajoutons à cela la sous-médiatisation du sport féminin, les inégalités salariales, le manque d’infrastructures dédiées à la pratique de haut niveau, ou le faible accès des femmes à des postes clés au sein des fédérations et des organisations sportives, et l’on comprend que la route est encore longue.

Ces athlètes nous inspirent pour briser le tabou des règles dans le sport et ailleurs

Les sportives font bouger les lignes

Pour autant, les lignes bougent et surtout les sportives bougent ! Parmi les précurseures, la championne de tennis Amélie Mauresmo qui a marqué l’histoire du tennis français aussi bien pour ses qualités sportives (elle reste à ce jour la joueuse française la plus titrée) que par les combats qu’elle a menés :

  • déclaration publique de son homosexualité en 1999, dans un sport resté très conventionnel,
  • et prises de positions en faveur de la PMA pour les couples de même sexe.
  • Et pour finir, en 2014, elle est devenue l’entraîneuse d’un homme, Andy Murray !

Le 3 juillet 2019, le magazine Elle organisait la première édition de Elle Active Sport, un évènement visant à promouvoir la mixité dans le sport et plus largement la pratique sportive chez les femmes, autour d’une question : « Le sport est-il le dernier terrain à conquérir pour les femmes ? ».

La question soulève plus largement celle de l’égalité hommes-femmes tant il est reconnu par ailleurs que l’accès à la pratique sportive contribue à réduire les disparités hommes-femmes :

  • renforcement de l’estime de soi et de l’autonomisation,
  • apprentissage de compétences comme le leadership,
  • changement du regard des hommes sur les femmes,
  • et donc aide à l’intégration sociale.

À l’occasion de cette manifestation, le magazine Elle a mis en valeur dix femmes qui font bouger les lignes du sport, cela au moment même où la Coupe du monde féminine de football, retransmise à la TV venait significativement accroître la visibilité du sport féminin.

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Des sportives mouillent la chemise pour briser le tabou des règles

Janvier 2015, la joueuse de tennis Heather Watson, éliminée dès le premier tour de l’Open d’Australie, expliquait que sa défaite était due à « un truc de filles ».

Août 2016, la nageuse Fu Yuanhui commentait sans détour sa contreperformance aux Jeux de Rio :

« C’est parce que j’ai eu mes règles hier, donc je suis particulièrement fatiguée. Mais ce n’est pas une excuse, je n’ai quand même pas bien nagé ».

Dix-huit février 2017, l’Équipe magazine titrait : « Les règles – Les championnes brisent le dernier tabou du sport », avec un dessin stylisé particulièrement explicite représentant une petite culotte blanche tachée de sang. Et une quinzaine de témoignages dont notamment ceux de la nageuse Charlotte Bonnet, finaliste à Rio, et de Sarah Ourahmoune, médaillée des Jeux de Rio en boxe.

Mai 2020, la handballeuse Estelle Nze Minko publiait une tribune rageuse sur le site « Règles élémentaires » :

« Les règles sont tabous ! On en parle entre filles, mais pas avec nos employeurs, nos supérieurs, nos collègues. On ne partage pas nos états de forme et nos ressentis. Nous avons à tort intégré le fait que cette souffrance est personnelle, secrète, sale, et qu’il faut vivre avec en silence ».

Et d’ajouter comme explication :

« Le milieu du sport est très masculin : entraineur, président, kiné, préparateur physique, médecins… la plupart des clubs que j’ai côtoyés sont dirigés par des hommes, pour la plupart insensibles à la question ou tout simplement ignorants sur le sujet ».

Des femmes qui se battent donc, et ce n’est pas simple comme l’explique la footballeuse Sandrine Mauron, milieu de terrain du FC Zurich et internationale suisse :

« Ça passe mieux si j’explique un match raté par un rhume. Si je dis que je suis passée à côté à cause de mes règles, on va répondre que je me trouve des excuses ».

Les collaborations Réjeanne

Chez Réjeanne nous suivons de très près toutes les actions menées par les femmes pour leur émancipation et pour l’égalité entre les genres. En particulier bien sûr, la prise en compte décomplexée des règles dans l’exercice du sport. Voilà pourquoi nous sommes très fières de notre collaboration avec la judoka la plus titrée de France, très en pointe sur ce combat, et qui confiait le 16 décembre 2020 au Journal Libération :

« Les femmes ont l’habitude de se dire “on est dures au mal, on y va”. Les sportives essaient de trouver des façons d’être réglées assez régulièrement pour pouvoir pratiquer leur sport et partir en compétition. Les douleurs, on fait abstraction ».

Elle évoque aussi le stress de la fuite :

« On a des kimonos bleu et blanc, il y a un vrai stress sur le changement des protections périodiques notamment en compétition. Quand on a un kimono blanc on fait comment ? (…) Je demandais à mes copines si j’avais une tache toutes les cinq minutes. En pôle, au bout d’une heure je devais aller me changer et informer l’entraîneur. J’avais aussi de fortes douleurs aux seins. Se confier à un homme sur ce sujet était compliqué les premières fois ».

Les fondatrices de Réjeanne se souviennent :

« Lorsque nous avons rencontré́ Clarisse Agbegnenou lors d’un déjeuner à Paris, nous avons réalisé́ en quelques minutes que nous avions une volonté commune de faire avancer les choses ensemble. Ce partenariat est rapidement devenu une évidence ! »,

Tandis que de son côté la championne commentait ainsi le partenariat naissant :

« Les spécificités du sport féminin ne doivent pas être un sujet tabou mais au contraire traitées. Les menstruations et protections hygiéniques en font parties. C’est donc avec beaucoup de grands projets et d’espoir que nous entamons cette nouvelle aventure avec Réjeanne ».

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