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Rétrospective des combats féministes menés par Gisèle Halimi

26/10/2020

« Je dis aux femmes trois choses : votre indépendance économique est la clé de votre libération. Ne laissez rien passer dans les gestes, le langage, les situations, qui attentent à votre dignité. Ne vous résignez jamais ! » : un message limpide, ferme et mobilisateur qui a structuré les courageux combats menés une vie durant par celle qui est devenue une véritable icône du féminisme en France, la célèbre avocate Gisèle Halimi.

A son décès, le 28 juillet 2020 à l’âge de 93 ans, les hommages ont été unanimes pour saluer sa contribution décisive à la cause de la dignité et de l’émancipation des femmes. Chez Réjeanne, nous sommes bien sûr des incondtionnel.le.s, et si nous consacrons nos journées (et une bonne partie de nos nuits) à concevoir et fabriquer des jolies culottes de règles, confortables, efficaces, écologiques et sûres, c’est certainement parce que nous avons quelque chose de Gisèle Halimi en nous …

Retour sur deux combats emblématiques de cette figure de l’engagement et de l’empowerment des femmes.

Légaliser l’avortement, avec le procès de Bobigny

En 1946, Gisèle Halimi subit un douloureux avortement « réalisé par un jeune médecin sadique, un monstre, qui avait fait un curetage à vif en disant : ‘Comme ça, tu ne recommenceras pas’ ». Une expérience fondatrice.

Vingt-cinq ans plus tard, en 1971, au risque de mettre en péril sa carrière d’avocate, Gisèle Halimi signe dans le Nouvel Observateur, aux côtés de Simone de Beauvoir et d’un groupe de militantes connues ou anonymes, un « Appel des 343 femmes », bientôt rebaptisé « Le Manifeste des 343 salopes ».

« Un million de femmes se font avorter chaque année en France.

Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples.
On fait le silence sur ces millions de femmes.

Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté.

De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anti-conceptionnels, nous réclamons l’avortement libre. »

Le ton est donné, courageux, déterminé, militant.

Dans la foulée, Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir, Jean Rostand, Christiane Rochefort et Jacques Monod créent le mouvement « Choisir la cause des femmes » avec trois axes de lutte : l’éducation sexuelle et la contraception, l’abrogation de la loi de 1920 (qui interdisait l’avortement) et la défense gratuite des femmes poursuivies pour avortement.

L’année suivante, en 1972, au Tribunal de Bobigny, Gisèle Halimi défend Marie-Claire Chevalier, une mineure de seize ans, accusée d’avoir eu recours à un avortement (ce qui était alors passible d’emprisonnement) après un viol, et sa mère, accusée de complicité. La jeune fille obtient la relaxe, l’affaire devient la cause de toutes les femmes, et ouvre la voie à la légalisation de l’avortement votée en 1975 grâce à Simone Veil.

A lire : Les classiques de la littérature à destination des femmes

Pénaliser le viol, avec le procès d’Aix-en-Provence

Août 74, nouveau drame : Anne Tonglet et Araceli Castellano, deux jeunes femmes belges homosexuelles, sont violées par trois hommes sur la plage où elles passaient la nuit près de Marseille. Après des années d’errance judiciaire, elles décident de faire appel à Gisèle Halimi pour faire reconnaître le crime des violeurs. Le procès s’ouvre à Aix le 2 mai 1978, dans un climat extrêmement violent : “Il y avait des crachats, on recevait des insultes, Gisèle Halimi a été giflée. C’était inouï”, se rappelle Anne Tonglet. Comme à Bobigny en 1972, l’avocate refuse le huis clos, et exige que la France entière assiste au “procès du viol”. L’écho dans les médias est à la hauteur de l’événement. Le verdict tombe le 3 mai : le meneur écope de six ans de prison ferme, les deux autres de quatre ans. La brèche est ouverte, le silence est brisé, et la loi de 1980 viendra entériner la criminalisation du viol, auparavant considéré comme un simple délit.

Le combat continue

Gisèle Halimi n’est plus là, mais elle fait partie de celles qui ont allumé la flamme, le combat féministe continue aujourd’hui. Les sujets ne manquent pas (hélas), qui entremêlent enjeux politiques, économiques et sociétaux : égalité salariale, dénonciation des violences sexuelles, levée des croyances et tabous sur les règles dans le monde, lutte contre la précarité menstruelle et en faveur de la gratuité des protections hygiéniques

Notre combat à nous, chez Réjeanne, c’est d’aider les femmes à vivre leurs règles sans complexes et même à en être fières, à se sentir bien dans leur tête et dans leur corps même pendant leurs règles, bref à assumer et aimer leur corps de femme dans toutes les circonstances. Et c’est exactement pour cela que nous avons créé nos culottes menstruelles !