Les règles dans le monde : Népal
Depuis 2014, le 28 mai a été institué « Journée mondiale de l’hygiène menstruelle », une date qui n’a pas été choisie au hasard, 28 étant la durée moyenne du cycle menstruel, et le mois de mai le 5ème de l’année, soit le nombre de jours moyen de la durée des règles.
L’objectif de cette journée est de rompre le silence qui entoure la question toujours taboue des règles, de sensibiliser la communauté internationale et de proposer des pistes d’action visant à améliorer la gestion de l’hygiène menstruelle dans le monde.
Selon le Water Supply and Sanitation Collaborative Council (WSSCC), une plateforme internationale dédiée à l’amélioration de l’accès à l’hygiène dans le monde, « la question des règles et de l’hygiène menstruelle est un élément clé de l’égalité des sexes, des droits humains et du développement ». Zoom sur le Népal, un pays où les préjugés culturels ont la vie particulièrement dure…
Le Chaupadi, une pratique qui persiste malgré les interdits
Dans les régions rurales du nord et de l’ouest du Népal, une tradition religieuse ancestrale, d’origine hindouiste, oblige les femmes à s’isoler à l’écart des villages dans un « goth », une petite cabane en terre ou un abri à bétail, pendant la durée de leurs règles.
Sous peine de s’attirer et d’attirer sur leurs proches la malédiction des dieux, les femmes n’ont pas le droit d’approcher les enfants, les hommes, le bétail, les arbres fruitiers ou encore les livres.
Elles n’ont pas le droit de participer à des fêtes ou des cérémonies religieuses, ni celui de cuisiner, et sont soumises à un régime alimentaire très strict. Un véritable bannissement qui expose les femmes et les jeunes filles, dès l’âge de leurs premières règles, aux dangers parfois mortels des températures très froides, des feux pouvant se propager, des animaux sauvages ou des prédateurs sexuels.
Face aux violations des droits de l’Homme engendrées par cette pratique, la Cour Suprême Népalaise en 2005, puis la loi en 2017 l’ont interdite. Avec des résultats très insuffisants, tant la tradition et la religion restent prépondérantes dans le pays. Au point que bien souvent, les femmes continuent de respecter le chaupadi sans autre pression que celle de la coutume.
Des conséquences dramatiques sur la scolarité et la santé des filles
Les acteurs de la solidarité internationale sont fortement mobilisés dans ce combat, à l’instar de l’ONG Care, comme l’explique Lora Wuennenberg, directrice de Care Katmandou : « Lors du tremblement de terre qui a secoué le Népal en 2015, après la phase des premiers secours, nous nous sommes attelés à la reconstruction. C’est à ce moment-là que nous avons découvert la coutume du chaupadi ». Et les conséquences terribles de cette mise à l’écart menstruelle en termes de décrochage scolaire, de dégradation de la santé et d’isolement social des jeunes filles. Des groupes de parole ont alors été mis en place au sein des villages et des écoles, visant à échanger, informer et agir. Avec deux objectifs prioritaires : l’éducation à l’hygiène et l’installation d’équipement sanitaires au sein des écoles, avec mise à disposition de protections hygiéniques pour les filles.
Vers une prise de conscience internationale
L’influenceuse Natacha Birds, qui a accompagné les équipes de Care sur le terrain, a recueilli dans un film saisissant, « Sang les femmes, un combat menstruel », les témoignages de népalaises qui luttent pour briser le tabou des règles. Le 28 mai 2020, l’ONG Care est allée encore plus loin en mobilisant douze influenceuses, dont la chanteuse Anaïs Delva, qui ont accepté de poster sur les réseaux sociaux des photos où elles apparaissent avec des sous-vêtements marqués de rouge. Chez Réjeanne, avec nos jolies culottes menstruelles, nous sommes entièrement solidaires de cette démarche en faveur de l’empowerment des femmes !