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Inégalités salariales, depuis le 4 novembre 2022, les femmes "travaillent gratuitement"

14/11/2022

Connaissez-vous le hashtag #4novembre9h10 ? Lancé par le collectif féministe Les Glorieuses, il a vocation à rappeler les inégalités salariales dont pâtissent encore les femmes en France en 2022. En clair : « Nous sommes le 4 novembre. Il est exactement 9 heures et dix minutes. À partir de maintenant, les femmes françaises commencent à travailler gratuitement jusqu’à la fin de l’année ».

Comment est calculée cette date symbolique ? Quelles réalités recouvre cette inégalité flagrante ? Nous allons voir avec vous pourquoi, malheureusement, le problème ne saurait se résoudre en appliquant le juste principe « À travail égal, salaire égal », la question des inégalités entre les salaires des hommes et des femmes étant en fait beaucoup plus complexe.

Les inégalités salariales en chiffres

Selon Eurostat, les femmes gagnent en moyenne 15,8% de moins que les hommes en France (13% en moyenne européenne). Ce qui signifie qu’en l’absence d’inégalité salariale, c’est-à-dire si les femmes gagnaient autant que les hommes, elles n’auraient à travailler qu’un peu plus de 213 jours pour toucher le même salaire qu’actuellement. Et le 213ème jour ouvré de l’année est tombé en 2022 le vendredi 4 novembre !

Pour bien comprendre la logique de ce calcul nous vous invitons à consulter le site des Glorieuses, un collectif féministe qui, depuis octobre 2015, publie toutes les semaines une newsletter qui traite de sujets comme la maternité, la culture, le sexe, mais aussi le genre et le monde du travail, ou encore l’impact des politiques publiques liées aux femmes.

#4novembre9h10, un hashtag qui fait couler beaucoup d’encre

Cette notion de travail gratuit des femmes suscite chaque année de nombreuses réactions dans les media comme dans le monde politique, il faut dire que la formule est très frappante !

À un extrême, on trouve des groupes comme la Place des Grenouilles, une « association anti-sexiste proposant un espace safe et inclusif pour exister, échanger, (dé/re)construire sans limitations ou injonctions de genre », qui considère que le sujet n’est pas binaire (hommes/femmes), mais « complexe et intersectionnel » : pour être plus juste il faudrait affiner les chiffres et l’on découvrirait par exemple que les femmes noires gagnent 38% de moins que les hommes blancs, ou encore que les femmes trans perdent 31% de leur salaire après leur transition. D’autres vont recourir au fameux duo capitalisme et patriarcat pour expliquer comment la captation de la plus-value créée par le travail des femmes vient conforter les profits de ceux qui les emploient.

À l’autre extrême, on trouve ce qu’il faut bien appeler d’irréductibles tenants du patriarcat à l’ancienne, qui parlent de « manipulation féministe » et sont convaincus que si les hommes gagnent davantage que les femmes, c’est sans doute justifié au regard de la faiblesse de leur intelligence et de leurs capacités…

Mais entre les deux, bon nombre d’analystes cherchent à dépasser l’effet wahouh (et un peu simpliste) du chiffre pour comprendre et expliquer la nature et les raisons de ces inégalités.

En savoir plus : Les premiers pas du congé menstruel en France

Rendre compte des inégalités salariales entre les hommes et les femmes

Les inégalités ne se résument pas à un même contrat de travail avec une rémunération différente. Les choses sont beaucoup plus complexes et ancrées dans notre culture. Selon l’INSEE, deux facteurs expliquent ces écarts de salaires :

L’effet du temps de travail

Les femmes travaillent beaucoup plus que les hommes à temps partiel. Que ce soit les jeunes, les moins diplômées, les mères d’enfants en bas âge, etc. De fait, 80% des postes à temps partiel sont occupés par des femmes. Une femme sur trois travaille à temps partiel, ce qui n’est le cas que d’un homme sur dix environ, et, par ailleurs, les hommes font beaucoup plus d’heures supplémentaires que les femmes. Ajoutons que, quand elles ont choisi un temps donné le travail partiel, les femmes se voient souvent pénalisées pour accéder aux plus hautes fonctions managériales.

Le type d’emploi occupé

Les hommes et les femmes ne travaillent pas dans les mêmes secteurs, et les femmes exercent majoritairement dans les secteurs les moins payés : typiquement on verra plus de femmes infirmières, et plus d’hommes développeurs chez Google ! En France aujourd’hui, les femmes représentent 90,4% des infirmières, 87,7% des sage-femmes et 65,7% du corps enseignant, des professions peu ou mal payées.

Enfin, les femmes accèdent moins souvent aux postes de direction : les dirigeants et cadres, c’est-à-dire les mieux payés au sein des entreprises, sont majoritairement des hommes (90% des hauts dirigeants du CAC 40 sont des hommes). Et, selon l’INSEE, cela est d’autant plus vrai parmi les salarié.e.s ayant des enfants : les écarts de salaires entre les pères et les mères sont donc plus importants qu’entre les femmes et les hommes sans enfant.

En savoir plus : Les plus belles figures de l’empowerment féminin

L’INSEE note une “lente décrue des inégalités”

Les chiffres récents de 2022 laissent de l’espoir et encouragent la mise en oeuvre d’actions nouvelles pour réduire les inégalités salariales entre femmes et hommes.

femmes travaillent gratuitement

Quelles solutions pour résorber les écarts de salaires entre hommes et femmes ?

Ces explications ne sauraient en aucun cas justifier la persistance des écarts de salaires, d’autant que l’INSEE constate qu’une part irréductible de 5% des situations d’inégalités reste inexpliquée !

En complément au hashtag #4novembre9h10, le collectif des Glorieuses a lancé une pétition destinée aux élu.e.s, qui comporte trois propositions pour faire bouger les lignes :

1. Appliquer le principe d’éga-conditionnalité

Ce premier principe permet de conditionner l’accès aux marchés publics, l’obtention des subventions publiques et celui des prêts garantis par l’État au respect de l’égalité salariale au sein des entreprises.

2. Revaloriser les salaires des emplois où les femmes sont les plus nombreuses

Une réévaluation économique de toutes les professions à prédominance féminine est indispensable afin que les femmes soient rémunérées autant que les hommes. D’autant que ces emplois de soin et d’éducation, très féminisés, ont été cruciaux ces deux dernières années pour la France.

3. Soutenir un congé parental équivalent pour les deux parents

Ce congé, à l’image de celui mis en place en Suède, permettrait aux hommes et aux femmes de jouir d’un congé maternité (post naissance) et d’un congé paternité de même durée. Cela afin de permettre aux couples de vivre leur parentalité de façon égale dès aujourd’hui.

Chez Réjeanne, ces pistes nous paraissent très intéressantes, et nous suivons de très près les avancées en matière d’égalité salariale en France. Et nous sommes d’autant plus solidaires du combat des femmes qu’il faut le dire, au sein de nos équipes, nous sommes une majorité de femmes !

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