Bodypositive : mouvement féministe (ou pas) ?
Avec l’été qui arrive, et la plage et les maillots de bain, tout ça tout ça, on a toutes et tous envie d’un peu (beaucoup) de body-positivisme autour de nous. Histoire de pouvoir passer des vacances cools et décomplexées, sans tous les « trop » (trop grosse, trop maigre, trop grande…) et « pas assez » (pas assez belle, pas assez mince, pas assez bronzée …) que le regard de la société et notre propre jugement nous infligent.
On aimerait bien pouvoir dire comme Ashley Graham, une icône du mouvement bodypositive : «Pendant longtemps, j’ai laissé les mots me faire du mal. Je me disais que j’étais grosse, laide et dégoûtante. Dès que j’ai réalisé que ce n’était pas le genre de vie que je voulais, ma vie a changé ».
Zoom sur le body-positive, un mouvement de libération de la femme (mais pas que), à condition qu’il soit bien compris !
Le body-positivisme, né aux USA avant de s’imposer sur les réseaux sociaux
Né aux Etats-Unis, le « body positivism » est un mouvement qui milite pour que les personnes acceptent leur corps tel qu’il est, avec toutes ses imperfections (poids, morphologie, âge, handicap…) et refusent les canons de beauté imposés par la société et largement relayés par l’industrie de la mode.
Le mouvement postule que la beauté n’est qu’une construction sociale, dont les normes, appelées à disparaître, n’ont aucun fondement. Au final, l’idée est de faciliter l’acceptation de soi et ainsi de booster son estime de soi, si nécessaire à l’équilibre et au bonheur.
Le mouvement bodypositive a pris son essor en 1996, grâce à deux psychothérapeutes, Connie Sobczak et Elizabeth Scott qui ont décidé de créer l’organisation « the body positive » à la suite de troubles alimentaires vécus par Connie lors de son adolescence et du décès de sa sœur, victime d’anorexie, qui l’a profondément bouleversée. Au départ, leur idée était de lutter contre tous les risques liés chez les femmes à une image corporelle négative :
- troubles alimentaires,
- addiction aux régimes alimentaires restrictifs,
- mauvaise estime de soi,
- dépression,
- anxiété,
- envies suicidaires…
Le mouvement s’est alors amplifié grâce aux réseaux sociaux, en particulier Instagram, avec des hashtags comme #bodypositive ou #bodyposi, et la publication en ligne de centaines de milliers de photos d’inconnues ou de célébrités, prônant l’amour de soi et de son corps, quel qu’il soit et l’émergence de comptes insta body-positives.
En lutte directe avec le « body shaming », une tendance hélas très en vogue sur les réseaux sociaux qui consiste à attaquer les personnes sur leur corps ou leur apparence. Le mouvement bodypositive a ses icônes comme les mannequins « plus size » telles que Ashley Graham ou Georgia Stein qui exhibent fièrement leurs rondeurs et imperfections sur les catwalks. Ou des célébrités comme Beyoncé ou Rihanna, qui a lancé une ligne de lingerie pour toutes les tailles, ou encore des actrices comme Julia Roberts ou Kate Winslet qui osent s’afficher sans maquillage.
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Sans oublier les marques comme H&M, Nike ou Réjeanne et bien d’autres, qui ont élargi leur gamme de tailles et présentent de plus en plus des mannequins « imparfaits » sur leurs affiches ou dans les boutiques.
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Le mouvement bodypositive est-il un combat féministe ?
Même s’il n’est pas né directement du mouvement féministe, le mouvement bodypositive a tout d’un combat féministe :
- Il s’attaque aux stéréotypes de beauté, imposés par le patriarcat ;
- Il lutte contre la réduction de la femme à son corps, en oubliant qu’elle a éventuellement aussi une intelligence et un cœur ;
- Il se veut une lutte contre le contrôle des corps ;
- Il prône l’égalité en promouvant une beauté multiple, sans hiérarchie d’aucune sorte ;
- Il donne toute sa place aux minorités ignorées ou méprisées : personnes rondes/trop grosses ou obèses mais aussi trop maigres, personnes handicapées, personnes trans, personnes racisées,…
- Il se veut avant tout libérateur !
On pourrait donc dire que le body-positivisme, profondément inclusif et intersectionnel, est à la pointe des luttes féministes !
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Tout n’est pas rose au pays du bodypositive
Et pourtant…le body-positivisme n’est pas qu’un immense élan d’amour qui réconcilierait les femmes avec elles-mêmes et avec leurs sœurs. Le mouvement a ses limites et ses failles :
- Le body-positivisme tend à être récupéré par les marques qui en font un argument marketing et tentent au passage d’élargir leur cible. Objectif purement commercial donc, usant et abusant du « gender-washing », défini par l’ONG Oxfam comme « une manipulation marketing qui vise à faire semblant de s’intéresser aux droits des femmes, à leur satisfaction corporelle, à leur émancipation. L’objectif est alors purement économique et tente de faire croire que l’entreprise est socialement responsable et tournée vers le bien-être des femmes. » (Oxfam magasins du monde, 2018).
- Le body-positivisme peut aussi apparaître comme une injonction très culpabilisante pour les femmes. « Accepte-toi et aime-toi comme tu es ! » : d’accord, mais ce n’est pas si simple, et si je n’y arrive pas, c’est mal ? Comme quoi, un mouvement qui se veut libérateur et positif peut très vite devenir anxiogène et contraignant (sauf à prendre un coach qui vous aidera dans votre libération, autre récupération commerciale du projet…). C’est ce qu’explique Marion Bourdaret dans un « essai anti-body positive » sur son blog : « Le mot qui me vient en premier à la bouche après avoir écumé ces comptes prônant le body-positivisme c’est : culpabilité {…} Car en nous demandant – plus ou moins impérativement – de ne plus culpabiliser, de nous foutre du regard des autres, d’accepter nos défauts, de les exposer, d’aimer notre corps aussi moche et disgracieux soit-il, d’en faire nôtre et j’en passe, ces comptes nous culpabilisent ».
- Le body-positivisme c’est aussi, pour certain.e.s, trop d’attention porté au corps de la femme, comme si justement la femme n’était qu’un corps. Mais laissez les tranquilles !
La « body-neutrality », le juste équilibre
L’idéal serait alors de trouver un juste milieu entre body-positivisme et body-shaming, comme le propose l’autrice et naturopathe Cassie Mendoza-Jones : « La neutralité du corps, c’est accepter que, certains jours, on aime son corps et que, d’autres jours, la confiance peut retomber. Il s’agit d’intégrer qu’il y aura des hauts et des bas et que relâcher la pression face à son physique ne peut avoir que des conséquences positives ». En gros, on n’est pas obligé.e d’aimer passionnément son corps, on veut juste en finir avec la pression de la société, mais sans s’imposer de nouvelles pressions !
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Chez Réjeanne, nous sommes adeptes de cette body-neutrality, qui à notre avis repose juste sur la tolérance, la bienveillance, et la confiance en soi. Notre objectif c’est que les femmes, toutes les femmes, se sentent bien dans leur corps et dans leur tête quand elles ont leurs règles. Et c’est à ça que servent nos culottes de règles. Que vous soyez grande, petite, mince, grosse, obèse, très jeune ou plus âgée, handicapée ou coureuse de marathon, nous avons une jolie culotte menstruelle pour vous ! Tout simplement. Alors au fond, oui, la culotte menstruelle est une invention féministe !