Journée internationale des droits des femmes 2023 : ce qu'il faut retenir ?
Chaque année c’est la même histoire avec la journée internationale des droits des femmes ? Loin de là ! Tous les 8 mars se voient attribuer une thématique propre par les Nations Unies. Si de nombreuses revendications n’ont pas évolué en cette journée de sensibilisation et de mobilisation pour l’égalité des genres, c’est justement pour cette raison que la journée du 8 mars conserve toute son acuité. Le 8 mars 2023 a donc encore été une journée de grève féministe. Décryptage de la team Réjeanne.
La persistance des inégalités de genre
Les idées reçues sur la journée internationale des droits des femmes vont bon train. Désormais, les hommes feraient la vaisselle et les femmes auraient acquis l’égalité salariale et l’accès à tous les métiers. Officiellement et encore, cela se discute comme en témoignent encore certaines mesures réglementaires en défaveur des femmes, mais officieusement le combat est encore long pour une égalité entre hommes et femmes.
En savoir plus : Rétrospective des combats féministes menés par Gisèle Halimi
L’écart salarial
Ainsi, si « A travail de valeur égale, salaire égal. » est un principe inscrit dans le code du travail français depuis 1972, l’INSEE dépeint une toute autre réalité à travers ses sondages : en 2020, les femmes gagnent en moyenne 15,2 % de moins que les hommes en équivalent temps plein. L’écart salarial entre les hommes et les femmes diminue donc mais demeure.
Cependant, “environ la moitié de l’écart salarial entre femmes et hommes est dû au fait que la structure des emplois par secteur d’activité, taille d’entreprise, âge, catégorie socioprofessionnelle et condition d’emploi (temps complet ou temps partiel) n’est pas la même pour les femmes et pour les hommes”.
L’écart salarial reste le plus marqué pour les plus hautes rémunérations, les femmes continuant à se heurter au plafond de verre.
En savoir plus : Inégalités salariales
La charge mentale et domestique
Les responsabilités domestiques peinent à tendre vers plus de réciprocité. Les confinements de la période covid ont permis de mettre en lumière le rôle prépondérant des femmes dans la réalisation des tâches ménagères comme le démontre une étude de l’INSEE de 2020 dont la conclusion révèle que “les femmes ont assumé l’essentiel des tâches domestiques même quand elles travaillaient à l’extérieur”.
De même, les femmes sont encore majoritairement seules qui voient leur carrière impactée par une interruption de leur activité professionnelle ou une réduction de leur temps de travail pour assurer l’éducation des enfants.
Les féminicides
2023 ne fait pas exception.
Voir cette publication sur Instagram
La question des violences faites aux femmes est prédominante pour la journée internationale des droits des femmes 2023. La lutte contre ces violences constitue le premier pilier du plan de lutte interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Il y a encore beaucoup à faire pour améliorer la prise en charge sur le plan médical et juridique et pour lutter contre la culture du viol.
Voir cette publication sur Instagram
De la journée de la femme, à la journée des droits des femmes
Une journée de mobilisation et de sensibilisation pour les droits des femmes
On a beau être en 2023, il est encore bon de rappeler que le 8 mars est la journée des droits des femmes. Plus question de claironner “Joyeuse fête de la femme !”. Cette journée du 8 mars 2023 possède une perspective militante intrinsèque.
Comme le rappelle Vie Publique, “Le 8 mars est une journée d’action, de sensibilisation et de mobilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes, l’égalité et la justice. (…) C’est aussi l’occasion de mettre en avant les initiatives qui placent les femmes au cœur de la création ainsi que leur participation à la vie sociale, politique et économique.”
Il n’est pas question de célébrer la femme, cette figure créée par le paternalisme, mais de rendre hommage aux luttes passées pour l’égalité des sexes et plus encore de rappeler que l’égalité des genres n’est toujours pas une réalité ni en France, ni nulle part dans le monde. Le patriarcat conserve sa dimension systémique.
En savoir plus : Qu’est-ce que le sexisme ordinaire ?
Quelle est l’origine de la journée des droits des femmes ?
La journée internationale des droits des femmes a été instituée en 1977 par l’ONU, mais c’est en 1982 qu’Yvette Roudy, alors ministre déléguée aux droits de la femme sous la présidence de François Mitterand, pousse la France à reconnaître le 8 mars comme la Journée internationale des droits des femmes.
La journée du 8 mars tire ses racines des luttes ouvrières pour de meilleures conditions de travail et de l’histoire des manifestations de femmes en Amérique du Nord et en Europe pour le droit de vote avec les revendications des suffragettes, au cours du XXe siècle.
Pour les Nations-Unies, l’égalité des sexes passe aussi par un monde digital plus inclusif
Chaque 8 mars, l’ONU décide d’une thématique différente pour la “Journée des femmes”, “Womens Day”. Cette année 2023, le thème retenu par les Nations Unies est : “Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes”. Un enjeu important et actuel pour l’émancipation féminine.
L’accès à la médecine, à l’éducation, au travail, le numérique crée une dépendance. Effectuer une transaction bancaire, rester en contact avec un proche, suivre un cours en ligne, procéder à des démarches administratives, internet est devenu un incontournable du quotidien. Si l’on parle de fracture numérique territoriale, on parle peu de l’écart technologique qui penche en défaveur des femmes. Encore 37% des femmes n’utilisent pas internet dans le monde.
Les conséquences de cette inégalité d’aujourd’hui impacteront encore le monde de demain. En 2050, les emplois dans les domaines scientifiques et technologiques représenteront 75% des emplois. Or, actuellement, seulement 22% des postes dans le secteur de l’intelligence artificielle sont occupés par des femmes.
En rencontrant des difficultés d’accès à internet, les femmes ne développent pas les compétences numériques nécessaires pour poursuivre des carrières dans les filières technologiques.
Au-delà de la problématique de l’accès au numérique, les femmes se trouvent également confrontées à une insécurité en ligne.
La réforme des retraites dans le viseur
La journée des droits des femmes en 2023 aura été marquée par la dénonciation de la réforme des retraites. De nombreuses féministes comme Caroline De Haas, Cécile Duflot ou Youlie Yamamoto alertent sur le caractère inégalitaire du régime envisagé par le gouvernement. Les femmes seront les premières victimes, ce sont effectivement elles qui connaissent le plus de carrières hachées et de contrats précaires.