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La contraception masculine : où en sommes-nous ?

16/11/2020

« J’ai voulu faire un documentaire sur la contraception masculine parce qu’un jour, une très bonne copine à moi a pleuré sur mon épaule, car elle devait subir une IVG. Je me suis dit que moi, je n’avais pas ce problème, parce que je n’ai pas d’utérus. Je me suis dit que puisque le but de notre existence, c’est que tout le monde soit heureux, il faut enquêter sur la contraception à un autre niveau que celui qui nous est inculqué. »

C’est ainsi que Guillaume Levil a démarré son documentaire « Le problème du pantalon », dans lequel il suit avec humour et sérieux le parcours de trois trentenaires, Quentin, William et David, qui ont décidé de « se contracepter », malgré la perplexité de leur entourage : « Ah bon ! La contraception masculine, ça existe ? ».

Oui, la contraception masculine existe et il est grand temps d’en parler !

Les grands classiques : le préservatif et le retrait

On pourrait presque dire que le préservatif existe depuis que l’homme existe ! Le procédé est tout simple, une petite gaine en latex ou en polyuréthane déroulée sur le pénis en érection, qui recueille le sperme et assure que les spermatozoïdes ne puissent féconder l’ovule. Que des avantages donc : accessible facilement et sans ordonnance, garanti sans hormones de synthèse, seule protection contre les IST (infections sexuellement transmissibles), et théoriquement efficace à 98%. Sauf que, dans le réel ce taux tombe à 85%, soit que le préservatif soit déchiré, abîmé, périmé, mal placé, positionné trop tard ou encore resté dans le vagin. En cas de doute sur le choix ou l’utilisation des préservatifs, n’hésitez pas à vous adresser au corps médical.

Deuxième mode de contraception dit « naturel », le retrait, ou coïtus interruptus : là aussi, c’est tout simple et vieux comme le monde, l’homme retire son pénis du vagin (et de l’entrée du vagin) de sa partenaire avant d’éjaculer, ce qui limite les chances du sperme d’atteindre l’oeuf. Sauf que… il y a de fortes chances que du sperme se soit échappé avant au risque de féconder l’œuf. Sauf que… les hommes qui pratiquent le retrait doivent parfaitement anticiper l’état d’excitation sexuelle où ils ne pourront plus tenir ou s’arrêter. Sauf que…l’éjaculation reste un réflexe parfois incontrôlable. Sauf que…la technique peut être très frustrante pour les deux partenaires. Sauf que, surtout, si le taux d’échec est de 4% en théorie, il passe à 27 % en pratique !

La contraception hormonale masculine (CHM)

Qui dit contraception hormonale, dit pilule, dit femme. Pourtant la contraception hormonale masculine existe bel et bien : elle consiste en des injections hebdomadaires de testotérone (sous contrôle médical), visant à faire descendre la concentration considérée normale de spermatozoïdes de 20 millions et plus à moins de 3 millions.

Selon les recommandations de l’OMS, la durée d’utilisation de cette contraception est limitée à dix huit mois, et vaut pour les hommes âgés de 25 à 45 ans ne présentant aucun antécédent (cardiovasculaire, hépatique, cancer, obésité, troubles psychiatriques, etc.) et ne consommant pas de tabac. Il convient de faire des spermogrammes régulièrement pour vérifier la concentration de spermatozoïdes et valider la pertinence de la méthode. Le traitement est réversible mais avec un délai de trois mois après l’arrêt pour pouvoir à nouveau procréer. Et, comme la pilule féminine, la contraception hormonale masculine peut avoir des effets secondaires : irritabilité, hausse de la libido et de la force physique,…

Vous avez dit « Boulocho » ?

Le boulocho, c’est un slip contraceptif, qui s’appuie sur la méthode dite de CMT (Contraception Masculine Thermique). Le principe ? Augmenter de 2°C environ la température des testicules, grâce à la chaleur du corps, en les remontant du scrotum vers la poche inguinale, et ce faisant freiner la production de spermatozoïdes. Le boulocho, mis au point dans les années 80 par le Docteur Mieusset, est composé de 95% de coton et 5 % d’élastomère. Il doit être porté une quinzaine d’heures par jour, il ne provoque ni douleur, ni inconfort, ni lésions cutanées, et son efficacité contraceptive survient au bout de deux ou trois mois. C’est une méthode réversible en quelques mois, à condition de ne pas porter le slip chauffant plus de quatre ans. Une association finistéroise organise même des permanences où les participants apprennent à confectionner ce qu’ils appellent les « remonte-couilles toulousains ». Ils sont hélas très peu nombreux à avoir adopté la méthode en France.

Autre procédé pour faire augmenter la température des testicules, inspiré de la méthode du Docteur Mieusset, l’Andro-switch, un anneau en silicone qui doit permettre de maintenir les testicules à l’entrée du canal inguinal.

Mais attention ! Le « slip chauffant » et l’anneau ne sont des méthodes reconnues ni par l’OMS, ni par l’Agence nationale de santé publique (ministère de la santé), qui cependant en suivent de près les développements.

La vasectomie, une méthode définitive de contraception

La vasectomie est une opération bénigne qui consiste, généralement sous anesthésie locale, à ligaturer les canaux déférents pour empêcher les spermatozoïdes de se mélanger au liquide spermatique. Elle n’a donc rien d’une castration, et ne modifie ni le désir sexuel, ni la fréquence ni la durée des érections. Mais elle permet à l’homme d’obtenir une “stérilité”, c’est-à-dire une contraception définitive, dont l’efficacité est quasiment de 100%. Cent millions d’hommes ont eu recours à cette méthode dans le monde, dont seulement 3000 en France.

Conclusion : les méthodes de contraception masculine existent, les hommes restent frileux

Force est de constater que malgré l’existence de méthodes de contraception masculine qui ont montré leur efficacité, les hommes, en France, restent très peu nombreux à les utiliser. En cause, la persistance des stéréotypes : tout se passe encore comme si la sexualité était liée aux hommes, et la procréation aux femmes ; la peur, chez beaucoup d’hommes, que la contraception ne diminue leurs capacités sexuelles ; la peur aussi des effets secondaires indésirables ; la hantise de l’eugénisme avec la vasectomie …, autant dire que les hommes ne sont pas encore prêts à avaler la pilule contraceptive !!!

En 2018, la blogueuse américaine Gabrielle Blair n’hésitait pas à affirmer que les hommes étaient responsables de 100% des grossesses non désirées : « Parlons plus de responsabilité. Souvent, les hommes ne savent pas, ne demandent pas et ne pensent pas à demander s’ils ont provoqué une grossesse. Il se peut qu’ils n’y pensent jamais, ou qu’ils n’associent jamais le sexe à la naissance d’un bébé. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucune conséquence pour les hommes qui provoquent des grossesses non désirées ». Voilà un bon sujet de débat pour vos soirées en amoureux en temps de couvre-feu !

Pour aller + loin :