Comment faire un arrêt de travail pendant les règles ?
À notre grand regret, le sujet des menstruations est encore particulièrement tabou dans le monde de l’entreprise. Les femmes subissent cette invisibilisation et y participent de peur de valider les clichés sexistes s’y afférant et de se victimiser. Être en arrêt maladie quand on a ses règles peut pourtant s’avérer indispensable en cas de règles douloureuses ou même en cas de fatigue inhabituelle. Quelles sont les modalités pratiques d’un arrêt maladie pendant les règles ? Existe-t-il un congé menstruel en France ? Comment conjuguer les règles au travail avec ses obligations professionnelles ?
Se faire arrêter pendant ses règles auprès de son médecin
Un arrêt maladie pendant les règles
Il est possible de consulter son médecin pour demander un arrêt de travail pendant ses règles. Il n’est pas nécessaire d’aller voir un gynécologue ou une sage-femme, votre médecin généraliste pourra tout à fait vous arrêter. Le rendez-vous sera alors plus rapide, moins coûteux surtout s’il s’agit de votre médecin traitant, peut être également celui-ci connaîtra bien vos problématiques menstruelles.
Sur ce point, nous vous conseillons toujours de discuter avec votre médecin de vos règles douloureuses, y compris en dehors d’une demande d’arrêt.
L’arrêt maladie pendant les règles permet d’obtenir le versement d’indemnités journalières (IJ) par l’Assurance Maladie pour compenser en partie la perte de salaire due à son incapacité médicalement constatée à continuer ou à reprendre le travail. La raison de l’arrêt de travail reste inconnue pour l’employeur, secret médical oblige.
Les conditions de l’arrêt de travail pendant les règles
L’arrêt de travail sera à la discrétion du professionnel de santé qui jugera de votre « incapacité totale de se livrer à une activité professionnelle quelconque ». « La prescription d’un arrêt de travail est un acte médical » qui engage la responsabilité du pratiquant. Ainsi, il n’est pas obligatoire pour un médecin de vous délivrer un arrêt de travail pendant les menstruations, cela dépendra de l’impact des douleurs menstruelles sur votre travail.
Les symptômes accompagnant les règles chez certaines personnes menstruées sont parfaitement compatibles avec la délivrance d’un arrêt de travail.
Si vous faites face à des remarques stigmatisantes ou méprisantes de la part d’un professionnel de santé, du style, “Prenez sur vous, les douleurs sont normales pendant les règles.”, n’hésitez pas à vous rapprocher d’un autre médecin.
Si vous suspectez, par exemple être atteinte d’endométriose en raison de règles douloureuses, vous pouvez contacter une conseillère de l’association Endofrance qui vous dirigera vers un spécialiste.
La consultation pour règles douloureuses
En effet, en cas de consultation pour règles douloureuses, le médecin doit vous examiner et demander un bilan complémentaire s’il suspecte une maladie qui cause la dysménorrhée. Il pourra notamment vous prescrire des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens pour calmer les crampes menstruelles ou envisager un autre traitement.
(Source : Site de l’Assurance Maladie, Prescrire ou renouveler un arrêt de travail)
Les démarche pour envoyer son arrêt maladie
Source : Arrêt maladie, les démarches du salarié
Avoir ses règles au travail
Nous le disions, le sujet des menstruations est totalement passé sous silence en entreprise tant les tabous des règles ont toujours la dent dure.
La sociologue à l’université de Genève, Aline Boeuf, a d’ailleurs pu constater, dans le cadre de ses recherches sur l’expérience des menstruations dans le monde professionnel, que « Le corps féminin a longtemps été considéré comme illégitime dans le monde du travail. » (source : Le Monde, Premières expérimentations du congé menstruel en France : un bilan mitigé, Catherine Quignon, 20 mai 2022).
Tout ceci permet de mieux comprendre les enjeux autour de l’arrêt de travail pendant les règles et du congé menstruel.
Comment dire à mon patron que j’ai mes règles
La stigmatisation des règles dans le cadre professionnel
Bonne question n’est-ce pas ? Difficile de s’imaginer dans une telle situation, encore jugée comme très délicate. Malgré la banalisation des règles, elles restent très compliquées à évoquer dans le cadre professionnel, encore plus que d’autres problématiques de santé. Entre jugements et stigmatisations, le chemin est encore long.
Nous n’allons pas vous conseiller forcément de jouer les super héroïnes, la responsabilité du problème ne repose pas entièrement sur vos épaules. Tout dépend de votre environnement professionnel, de l’ambiance générale, de vos relations entre collègues et avec vos supérieurs. L’idée n’est pas de se rajouter une pression, mais bien d’en évacuer le plus possible.
Assumer et rassurer
La solution pourrait plutôt se trouver non pas dans la communication directe sur ses menstruations, mais dans la réassurance auprès de son entourage professionnel de son engagement dans la réalisation des missions assignées malgré des symptômes douloureux ou de fatigue.
Ainsi, par exemple, il est tout à fait possible d’évoquer une certaine fatigue ou un problème de santé passager, tout en rassurant ses collaborateurs : “je te renouvelle mon engagement sur ce projet et te confirme un retour pour vendredi”. Cela permettra d’éviter le micromanagement. Autrement dit, plutôt que d’essayer de cacher une baisse de productivité qui risque de se voir et de susciter une méfiance et une pression de la part de votre supérieur, essayez l’honnêteté tout en affirmant vos capacités.
Le télétravail, une solution alternative à l’arrêt de travail pendant les règles
Il est possible de demander des aménagements pour mieux vivre ses règles au travail. Le télétravail est une opportunité pour les personnes menstruées qui souffrent de règles douloureuses. Il peut être envisageable d’évoquer la possibilité de prendre 3 jours de télétravail sur le mois pour faire face aux jours les plus douloureux du cycle menstruel. Vous pourrez ainsi avoir accès aux tisanes antidouleurs de règles, à votre bouillotte et ce dans une tenue confortable avec votre jolie culotte menstruelle Réjeanne.
En savoir plus : Soulager les règles douloureuses
Où en est-on du congé menstruel pour règles douloureuses en France ?
68% des Françaises se disent favorables à l’instauration d’un congé menstruel en France pour être en arrêt maladie au moment des règles. Le chiffre monte à 78 % lorsque l’on interroge les 15 à 19 ans.
Le Japon a été le premier à proposer un congé pendant les règles, tenez-vous bien, la mesure date de 1925 ! A l’heure actuelle, le congé menstruel n’est pas garanti pour les salariés français. Il est néanmoins instauré à la discrétion des entreprises, c’est donc à l’employeur de choisir d’inscrire la possibilité d’un congé menstruel et de le prendre la charge.
Quelle procédure pour demander un congé menstruel ?
Tout comme l’instauration du congé, la procédure est en fonction de l’entreprise. Bien souvent, une simple demande par mail suffit pour bénéficier d’un jour de congé payé une fois par mois, sans justificatif ni perte de salaire. Il ne s’agit donc pas d’un arrêt maladie pendant les règles.
Certaines entreprises pourraient cependant imposer l’obligation de présenter un certificat médical. Qu’en serait-il alors pour la confidentialité de la santé des salarié.es. ? Les personnes menstruées se heurteraient-elles à la minorisation des douleurs de règles par le corps médical ?
L’instauration d’un congé menstruel en France soulèvera donc des questions de principe et des difficultés juridiques. En attendant, il est possible de vous rapprocher du comité social et économique (CSE), une instance de représentation du personnel dans l’entreprise qui a pour mission de présenter à l’employeur les réclamations individuelles pour promouvoir la santé, la sécurité et les conditions de travail dans l’entreprise. Lorsque les entreprises en sont dépourvues, les délégués du personnel endossent certaines de ses missions.
Les craintes autour du congé menstruel
De nombreuses associations ont marqué leur opposition à cet arrêt de travail pendant les règles. Un avis qui peut sembler paradoxal de prime abord dans la mesure où la mesure améliorerait la qualité de vie au travail des personnes menstruées.
Cependant, ces associations justifient leur prise de décision en arguant du fait que la généralisation du congé menstruel risquerait d’entraîner une augmentation de la discrimination envers les femmes dans le milieu du travail.
Elles craignent notamment qu’une loi en faveur d’un congé menstruel ne constitue un frein supplémentaire à l’embauche et aux avancées professionnelles.
Elles pointent également du doigt la stigmatisation qui pourrait en découler de la part des collègues masculins, mais pas uniquement.