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Nymphoplastie, la chirurgie des petites lèvres, une injonction supplémentaire pesant sur le corps des femmes

28/12/2022

La nymphoplastie est une chirurgie intime de réduction des petites lèvres de la vulve, intime parce qu’elle touche aux parties intimes féminines, mais aussi intime parce que tabou, elle concerne pourtant un nombre croissant de femmes, notamment de jeunes femmes poussées par la montée de complexes autour de l’aspect de leur vulve impulsé par des injonctions sociétales.

Qu’est-ce que la nymphoplastie ?

Définition de la nymphoplastie de réduction

La nymphoplastie également appelée labioplastie est une plastie de réduction des petites lèvres. Il s’agit d’une opération chirurgicale ayant pour but de corriger les anomalies esthétiques du sexe féminin en réduisant la taille des petites lèvres de la vulve. Il est possible que la réduction ne concerne qu’une seule des deux lèvres en cas d’asymétrie.

L’hypertrophie des petites lèvres tend ainsi à être considérée comme une anomalie au niveau des parties intimes qu’il convient de traiter pour obtenir une vulve plus harmonieuse. L’hypertrophie des petites lèvres est ainsi assimilée à une difformité de la vulve avec de petites lèvres qui dépassent de grandes lèvres et qui s’accompagne le plus souvent d’une hyperpigmentation.

Une chirurgie esthétique ou réparatrice ?

L’opération de la vulve est souvent provoquée par une gêne psychologique concernant l’aspect du sexe, notamment au moment des rapports sexuels avec de vrais complexes vis-à-vis de l’appréciation du partenaire à la vue de lèvres vaginales trop grosses.

Elle peut également être déclenchée suite à une gêne dans les activités du quotidien en raison de frottements selon les vêtements choisis ou au moment de pratiquer une activité physique.

Certaines personnes sont nées avec des lèvres volumineuses qui dépassent de la fente vaginale. D’autres vont se voir confrontés à un aspect pendant ou bien flétris de la vulve à la suite d’un accouchement ou de la ménopause.

nymphoplastie

Comment réduire la taille des petites lèvres du vagin ?

L’opération chirurgicale des petites lèvres de la vulve est une opération en ambulatoire dont les résultats peuvent être définitivement constatés au bout d’un mois même si les cicatrices peuvent mettre plus longtemps à s’estomper.

Bilan préopératoire

La chirurgie esthétique des petites lèvres ne s’adresse qu’à des personnes majeures. Elle doit donner lieu à un bilan préopératoire auprès du chirurgien choisi et par un rendez-vous avec un médecin anesthésiste au moins 48 h avant le jour de l’opération.

Intervention et hospitalisation

Dans la majorité des cas, la nymphoplastie de réduction est réalisée en opératoire sous anesthésie locale. Certains cas peuvent amener à une courte hospitalisation, mais la plupart des patients pourront quitter l’hôpital dans la journée.

La durée de l’intervention est généralement d’un peu moins d’une heure, suffisante à la résection de l’excès labial et à la correction de l’hyperpigmentation.

Les suites opératoires

Les suites opératoires concernent des saignements normaux pendant les trois jours qui suivent l’opération de la vulve. Des bleus et un gonflement de celle-ci peuvent également être constatés.

Un traitement à base d’antalgiques sera souvent prescrit et il est recommandé de réaliser la toilette intime avec un soin adapté ainsi que d’éviter le port de vêtements synthétiques trop serrés.

Il est recommandé de s’abstenir de pratiquer une activité sexuelle durant 3 à 4 semaines après la labioplastie et une activité physique intense jusqu’à 2 mois en postopératoire.

Complications

Les potentielles complications de l’opération :

  • saignements,
  • douleurs,
  • infection postopératoire,
  • hématome nécessitant une évacuation,
  • accidents thrombo-emboliques,
  • une cicatrisation difficile avec une possible désunion de la cicatrice,
  • trouble durable de la sensibilité entraînant une perte du plaisir sexuel…

Nymphoplastie avant-après

Les chirurgiens mettent en avant des photos du résultat de l’opération des petites lèvres avec des avants après jugés spectaculaires et de jolies vulves normées et impersonnelles.

La nymphoplastie est-elle prise en charge par la sécurité sociale ?

La chirurgie esthétique de correction d’une hypertrophie des lèvres est une intervention en partie prise en charge et remboursée par la sécurité sociale à hauteur de 57,44 euros. Les dépassements d’honoraires peuvent être partiellement pris en charge par la mutuelle.

Une nouvelle norme esthétique exprimée par la hausse des labioplasties

Une polémique récente autour de la mode des chirurgies de la vulve

C’est des propos d’une personnalité de la télé-réalité qui ont déclenché une polémique enflammée autour des chirurgies de la vulve et notamment du « lifting de la vulve ». Exemple du relai de la pression exercée sur le corps des femmes, elle se réjouit de s’être fait « rajeunir le vagin » : « Je trouve que c’est super important d’avoir un beau vagin. J’ai vraiment de la chance, j’ai vraiment un beau vagin, je n’ai pas les lèvres qui dépassent. (…) C’est trop bien. Là, c’est comme si j’avais 12 ans ». Un discours qui a suscité l’indignation pour la sexualisation des jeunes adolescentes et la création de complexes chez un public jeune.

La Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens (SOFCEP) dénombre 4 600 Françaises, tous âges confondus, ayant eu recours à une nymphoplastie en 2016, contre 1839 en 2010, démontrant que ce phénomène n’a rien d’isolé.

Une intervention banalisée chez les moins de 25 ans

La jeunesse du public de télé-réalité explique que de plus en plus de jeunes femmes de moins de 25 ans se tournent vers la chirurgie esthétique, ramenant la moyenne d’âge de cette intervention à 32 ans. Ce n’est évidemment pas la seule explication entre une certaine banalisation de la chirurgie esthétique, des standards de beauté exigeants, l’influence croissante de la pornographie sur la sexualité… Autant de raisons toutes trouvées qui ne sont pas autant importantes que le poids des représentations de la féminité avec un sexe lisse sans poils ni lèvres dépassant.

Poids d’un imaginaire féminin fantasmé, baisse de l’estime de soi et dégoût pour son sexe

Un imaginaire féminin hautement fantasmé est donc en cause selon Sara Piazza, psychologue clinicienne et psychanalyste qui s’est associée à Sophie Berville-Lévy, gynécologue spécialisée dans les pathologies vulvaires pour réaliser une étude sur 71 patientes ayant consulté pour nymphoplastie.

Elles ont constaté que ces femmes souffraient de ce qu’elles considéraient comme une anomalie dans leurs rapports sexuels tournés vers l’évitement de l’exposition de leur vulve. Pourtant, toutes ces femmes n’étaient pas concernées par une hypertrophie vulvaire (excès de lèvre supérieur à 4 cm).

Chez Réjeanne, nous considérons l’’impact sur l’intimité et l’image de soi de la banalisation de la nymphoplastie comme dévastateur avec de lourds complexes qui empoisonnent le quotidien. Cela soulève encore la question des injonctions hétéronormées qui pèsent sur le corps des femmes. D’où l’importance de rappeler qu’il n’y a pas de vulve plus parfaite que celle de chaque femme pour rééquilibrer le rapport au corps.